Les pièges de la positivité
Je suis quelqu’un d’optimiste. Je vois dans toutes choses et dans toutes personnes, ce qui peut aller mieux. La vie je le ressens au plus profond de mes tripes, vaut la peine d’être vécue quoi qu’il arrive.
A 16 ans, j'ai rencontré un jeune homme bouddhiste. Il est arrivé dans ma vie au moment où je rejetais ma religion après avoir eu une approche de toutes les religions monothéistes et avoir compris qu'elle parlait du même Dieu mais qu'elles pensaient toutes détenir la vérité, la seule et l'unique.
J'ai aussi pris conscience que si l'esclavage avait pu être perpétré c'est parce que certains religieux ont indiqué que les noirs n'étaient pas des enfants de Dieu. Même si d'autres se sont insurgés, ceux qui voyaient bien les conséquences économiques de l'arrêt de cette main d'œuvre gratuite ont préféré bien évidemment entendre les voix qui allaient dans leur sens. L'histoire peut être réécrite et réinterprétée mais une chose est sûre c'est que encore aujourd'hui des personnes qui se disent croyantes, font le choix de rejeter des êtres humains en raison de leur couleur de peau ou de leur religion ou de leur orientation sexuelle.
Ce jeune homme de 17 ans donc, m'a dit une phrase qui a fortement vibré en moi, il m'a dit que les bouddhistes pensent que si pendant même une fraction de seconde, tous les êtres humains sur Terre avaient une pensée positive, cela pourrait changer la face du monde.
Il me l'a peut-être dit avec moins de conditionnel mais je vous le rapporte comme je m'en souviens, vu que c'était il y a plus de 32 ans!
Lorsque j'ai quitté mon CDI que j'avais depuis 16 ans, je me suis comme souvent focalisé sur le positif; j'ai décidé de balayer mes peurs et les peurs que les autres projetaient sur moi.
Avant cet évènement, un autre avait déjà commencé à perturber mon équilibre alimentaire. Mon ex avait fait appel de la décision de la justice annulant la garde alternée, qu'on avait mise en place après la séparation, suite aux violences que sa compagne et lui avaient commises sur notre fils. Et j'ai vécu cela comme une double injustice. Je me suis demandée comment il pouvait oser faire appel plutôt que de reconnaître ses torts et faire profil bas.
Une fois mon entreprise créée, j'ai commencé à communiquer sur les réseaux sociaux pour trouver des clients. Rapidement j'ai dû constater que ça allait être plus compliqué que ce que je pensais.
Ma positivité a été un moteur dans ma vie car grâce à elle, j'ai avancer dans la vie en explosant les barrières. Je suis fille unique pour autant ma mère a réussi à me comparer à pas mal de monde. Par exemple, quand je lui ai annoncé que j'avais mon diplôme de Master 2, elle n'a rien dit sur ce fait mais elle m'a dit que untelle avait réussi son concours.
Parce que ma positivité a été un pansement sur mes émotions, j'ai rencontré des personnes sur mon chemin comme mon ex qui eux aussi ont nié, moqué, mes ressentis, mes sentiments. J'ai accepté que mon ex me dise des phrases comme "tu te fais des films", "quand tu as dit ça, j'ai été choqué et la copine de ta mère aussi", "je ne suis pas le seul à penser ça de toi", "tu étais trop maigre quand je t'ai rencontré", etc. On ne tombe pas sur un manipulateur si on n'est pas manipulable, si on ne cherche pas toujours à comprendre le comportement de l'autre, à l'excuser..
Quand mes beaux-enfants m'ont comparé à une marâtre, j'ai été touchée parce qu'une part de moi pensait en effet que j'étais méchante. Si ce n'était pas le cas, j'aurais juste trouvé ça triste pour eux. J'ai toujours tout fait pour qu'ils se sentent bien, en allant même jusqu'à prendre mes distances avec eux pour ne pas perturber leur mère qui était jalouse de notre proximité au début. Je n'avais pas encore d'enfant mais je pouvais comprendre que ce soit dur pour elle, d'être séparée de ses enfants et de voir qu'ils s'amusent sans elle. Après avoir eu un enfant qui après notre séparation a été battu par son père et sa belle-mère, je me demande ce qu'elle aurait préféré comme scénario.
Toutes ces rencontres 'm'ont fait prendre conscience que les émotions négatives sont naturelles et que c'est parce que j'ai refoulé la colère qu'elle m'a envahie à un moment de ma vie. Etre en colère, être triste, avoir des doutes, ce n'est pas un problème sauf si on le voit comme un problème.
Ma positivité faisait l'effet d'un pansement sur une plaie béante qui ne pouvait pas guérir.
Il est essentiel de regarder les choses en face, de faire preuve d'authenticité en reconnaissant et en traitant ses blessures émotionnelles..
Cela peut être fait seul ou avec l'aide de professionnels ou de proches de confiance.
La vie est une question d'équilibre, il ne peut pas y avoir de positivité saine sans acceptation de la négativité.
Aujourd'hui si quelqu'un me dit que je suis méchante, je sais qu'il parle de mon comportement et que son opinion parle de ses perceptions, de ses valeurs et non de qui je suis. Je réfléchis éventuellement à ce que j'aurai pu faire autrement et j'avance sans le poids de la culpabilité.